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04/02/2008

Peut-on se passer des OGM ?

Le projet de loi sur les OGM, première traduction législative du Grenelle de l’environnement sera débattu au Sénat à partir de demain, après plusieurs semaines de polémique politique et scientifique.

Décryptage avec le chercheur en génétique moléculaire Christian Vélot, critique envers les OGM agricoles.

Pourquoi les scientifiques sont-ils si divisés ?

Que la communauté scientifique soit divisée n’est pas propre aux OGM. Pour lever les controverses, en général, on fait des expériences. Mais avec les OGM, on est dans une situation de carence d’évaluation. Quand on parle d’un maïs pesticide, qui produit un insecticide, la moindre des choses serait qu’il soit évalué comme un pesticide. Or ces plants sont sans doute mieux évalués que les autres plantes, mais ils sont évalués bien en deçà des pesticides. On ne dit pas que les études prouvent que cet OGM est toxique, on dit qu’elles sont suffisamment inquiétantes pour au moins demander à ce que des tests soient refaits par un laboratoire indépendant.

Vous doutez de cette indépendance ?

Les études sont faites par des laboratoires choisis par la firme semencière, au prétexte du secret industriel. Et chaque fois qu’on a voulu avoir accès aux données brutes, ça a été au prix de batailles juridiques et administratives monstrueuses.

Une pétition lancée par des chercheurs contre le moratoire sur le maïs OGM a reçu plus de 1 000 soutiens…

Ces chercheurs se réfugient derrière la prétendue neutralité de la science pour donner plus de poids à leurs arguments. Le principal problème, ce n’est pas tant les lobbys financier ou semencier, c’est le lobby scientiste. Ils restent persuadés que la science va répondre à tout.

(…)

Les OGM permettraient d’utiliser moins de pesticides…

On nous ment en nous faisant croire que les OGM sont la solution aux pesticides. Effectivement, l’agriculteur n’a plus à pulvériser l’insecticide, mais ce pesticide est toujours dans l’environnement puisque le maïs le fabrique en permanence.

Ont-ils vraiment un impact sur la santé ?

Je ne peux pas répondre à cette question. Au regard des données brutes que l’on a pu obtenir à partir de tests sur des animaux, on voit des perturbations des paramètres hépatiques et rénaux. On dit donc : «Soyons prudents, prenons le temps.» Le problème, c’est que le temps de l’évaluation scientifique n’est pas compatible avec l’urgence du brevet et des profits.

(…)

.Mais les OGM ne sont-ils pas une solution aux crises alimentaires mondiales ?

Le problème de la faim dans le monde n’est pas scientifique et technologique mais politique. Sinon, il faudrait qu’on m’explique pourquoi, alors qu’on produit deux fois plus que les besoins, il y a des gens qui meurent de faim. On veut nous faire croire qu’on va résoudre la faim dans le monde avec des OGM dont le seul but pour les firmes semencières est de mettre des brevets sur des plantes et d’avoir la mainmise sur l’alimentation mondiale.

(…)

l’interview complète ici :

http://www.liberation.fr/actualite/economie_terre/307837....

Commentaires

enquête intéressante qui montre que les agriculteurs ne gobent pas tout:

"une enquête souligne la méfiance des agriculteurs envers les OGM
LEMONDE. | 05.03.08 |u

une majorité des agriculteurs ayant répondu à une enquête interne lancée par la première coopérative française, Terrena, restent hostiles à l'utilisation des organismes génétiquement modifiés (OGM), mais souhaitent que les recherches se poursuivent.

Près de 12 % des 26 000 adhérents de Terrena ont répondu au questionnaire, rendu public mercredi 5 mars, que leur avait distribué en janvier la coopérative et leur jugement est sans appel : ils sont 66 % à estimer que les cultures OGM ne constituent pas une réponse à la demande croissante de produits agricoles et 54 % qu'elles représentent un vrai danger pour la diversité des filières et des modes de production. Les agriculteurs interrogés sont ainsi 61 % à être favorables au maintien du moratoire sur les OGM, "le temps que les recherches avancent".

"RESTER À LA FOIS PRUDENTS ET ACTIFS"

La coopérative conclut ainsi une vaste opération de communication interne destinée à résoudre la crise de confiance qui a divisé ses adhérents en 2007. Terrena a été mise en cause pour avoir mis en culture trente-cinq hectares de semence de maïs génétiquement modifié en juillet 2007 dans le Maine-et-Loire sans en informer préalablement ses adhérents. Or, vingt-sept de ces hectares de maïs transgénique ont été systématiquement fauchés par des militants anti-OGM en l'espace d'un mois.

Suite aux résultats de l'enquête, Terrena a décidé "de ne pas commercialiser de semences OGM en 2008 et 2009 même si la loi l'autorise", a indiqué mercredi Olivier Chaillou, membre du bureau de Terrena.
Pour lui, les adhérents"nous disent de rester à la fois prudents et actifs", notamment dans la recherche. Les dirigeants de Terrena ont donc annoncé l'accroissement des activités de recherche et développement, notamment par la veille technologique et des partenariats dans les nouvelles technologies."
http://www.lemonde.fr/sciences-et-environnement/article/2008/03/05/une-enquete-souligne-la-mefiance-des-agriculteurs-envers-les-ogm_1019207_3244.html#ens_id=1019229

Écrit par : lilou | 05/03/2008

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