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19/08/2007

La nouvelle Ségolène Royal


Par Virginie LE GUAY
 

C'est une Ségolène Royal "requinquée", "ressourcée", "apaisée" qui fera sa rentrée politique samedi prochain à Melle dans les Deux-Sèvres, endroit "tranquille et symbolique" où elle se sent protégée. Comme chez elle. L'ex-candidate du PS à l'élection présidentielle a volontairement peu donné de ses nouvelles pendant l'été. Elle a profité de cette coupure indispensable pour se remettre physiquement et psychologiquement de la dureté de la campagne, de l'épreuve du résultat du second tour, et de ce qu'elle qualifie pudiquement de "reconstructions personnelles".

Expression qu'elle utilise pour évoquer, sans la nommer, sa séparation, intervenue avant l'été, d'avec François Hollande, le père de ses quatre enfants, avec lesquels elle a tenu à passer toutes ses vacances. Comme soudée à ses petits devenus grands (la dernière, Flora, est largement adolescente), elle coule, en ce moment, ses derniers jours de vacances dans la maison familiale de Mougins où elle prend plaisir à cuisiner, recevoir des amis à déjeuner et profiter sans retenue de ces heures d'intimité.

Des "reconstructions" qui, confie-t-elle, lors des rares occasions où elle accepte d'abandonner le masque du sourire et de la maîtrise de soi, lui ont permis, à elle comme à ses enfants, de crever un abcès formé depuis de trop longs mois et de repartir sur des bases claires. "Nous avons beaucoup parlé entre nous. L'équilibre familial s'est réorganisé autrement, et s'est peut-être même renforcé." La trêve estivale l'a "définitivement délivrée de l'amertume". Elle admet avoir souvent pensé à cette phrase de Nietzsche: "Ce qui ne nous tue pas nous rend plus forts."

"Le temps n'est plus aux règlements de compte"

Beaucoup plus prolixe en revanche sur sa vie publique, la présidente de la région Poitou-Charentes a choisi avec soin la date du 25 août pour sa première intervention publique, qui se fera à l'issue d'un pique-nique informel, une semaine exactement avant les universités d'été de La Rochelle. Elle sait qu'elle y est très attendue. En décidant de parler avant le traditionnel rendez-vous de La Rochelle devenu l'an dernier, par sa seule présence, un véritable "barnum", elle sait que l'attention ne se focalisera pas, cette fois, sur sa seule personne. La présidente de région interviendra à ces universités, en tant que puissance invitante, dès l'ouverture des travaux, le vendredi 31 août, entourée des cinq nouveaux députés socialistes de Poitou-Charentes. Elle a prévenu ses proches qu'ensuite elle se ferait discrète.

Des proches qu'elle n'a cessé de consulter, le plus souvent au téléphone, tout au long de l'été. Jean-Louis Bianco, Julien Dray, Sophie Bouchet-Petersen, François Rebsamen bien sûr, mais aussi Gaëtan Gorce ou Aurélie Filippetti. Débarrassée, délivrée même de la campagne présidentielle, un carcan qu'elle avoue ne pas avoir toujours bien « maîtrisé », faute de recul et d'expérience, Ségolène Royal a l'intention, désormais, de maîtriser son calendrier. "Entre la campagne interne du PS et la vraie campagne, j'ai été sur la brèche pendant presque un an, comme à marche forcée. J'ai dû gérer, parfois à la hâte, les déséquilibres. Il y a eu des dysfonctionnements et des erreurs sur lesquels j'ai pu réfléchir. C'était une expérience à la fois merveilleuse, exaltante, et épuisante. Aujourd'hui, j'ai le temps, je choisis, je contrôle."

Si elle se rendra à l'étranger où elle est beaucoup demandée, ses voyages seront comptés: à ce jour, un déplacement est prévu, le 9 septembre, en Italie, à l'occasion de la fête du quotidien de gauche, L'Unità ; un autre suivra au Québec au milieu du mois ; peut-être un troisième encore aux Etats-Unis, en octobre. Totalement prête à "réinvestir" pleinement le champ politique, Ségolène Royal n'est, pour autant, pas pressée. Persuadée que rien ne peut se faire ni sans elle ni contre elle, elle compte jouer un rôle "important" dans le processus de rénovation du PS qu'elle imagine "forcément long". Elle acceptera, prévient-elle, toutes les responsabilités qui lui seront confiées par ceux qu'elle nomme toujours ses "camarades". Son entourage est prévenu: "Le temps n'est plus aux règlements de comptes. Les comportements passés appartiennent au passé. Ressasser, c'est de l'énergie perdue."

"Une ligne moderniste, éclairée et rassembleuse"

L'ouvrage, à paraître cet automne aux éditions Grasset (dont le titre - encore provisoire - pourrait être Une étrange défaite), ne sera surtout pas un livre revanchard ou amer. Bien au contraire. Mais une réflexion qu'elle espère "honnête" sur les points forts et les points faibles de sa campagne. "J'ai attendu pour faire mon autocritique, mais je la fais. Pour mieux rebondir, pour redémarrer." Parce qu'elle a le sentiment d'avoir vécu une aventure exceptionnelle avec les Français, une aventure qui lui a apporté de la densité, de la maturité et le cadeau si précieux qu'a été "leur espoir et leur confiance", l'ex-candidate à l'élection présidentielle regarde le futur congrès du PS, dans un an, avec détachement.

Se projette-t-elle comme future patronne du PS ? La question lui semble absurde. "Je ne suis pas du tout dans ces stratégies." Même chose pour les courants. Créera-t-elle le sien ? Elle n'en a aucune idée et, pour l'instant, aucune envie. "J'ai été candidate au nom de tous les socialistes. Pourquoi devrais-je m'enfermer dans un courant?", a-t-elle laissé échapper, récemment, devant un de ses interlocuteurs. Le mot courant lui semble presque obsolète. Tout juste pense-t-elle que les militants de Désirs d'avenir devraient "naturellement" adhérer au PS. Le site internet de l'association sera réactivé afin de garder un contact permanent avec les Français.

D'ici au congrès socialiste - un horizon encore "lointain" pour elle -, elle compte, en tout cas, travailler dur. Entourée de sa petite équipe d'experts économiques et internationaux: Pierre Moscovici, le banquier Matthieu Pigasse, l'économiste Thomas Piketty, Bruno Rebelle pour les questions écologiques auxquelles elle s'intéresse tout particulièrement. Sur tous ces sujets, elle s'emploiera à proposer des idées neuves. En phase avec l'évolution de la société, des idées qui constitueront progressivement un corpus idéologique, une ligne politique "moderniste, éclairée et rassembleuse". Pas question que se reproduise le flottement idéologique qui a prévalu pendant la campagne sur des questions aussi importantes que les 35 heures, le temps de travail, la sécurité, ou le besoin de protection des citoyens.

Convaincue que les nouveaux adhérents du PS gagnés en 2007 attendent autre chose que des vieux sujets mille fois ressassés, Ségolène Royal ne regrette pas le départ de ceux qui n'ont pas résisté aux sirènes de l'ouverture sarkozyste. "Au contraire, cela crée un appel d'air." Un appel d'air qu'elle a bien l'intention d'utiliser à son profit. Foi de Ségolène. "Lorsque j'étais à la Guadeloupe, tous ceux que je croisais m'appelaient 'la femme debout'. Comme au temps de la campagne. Rien ne m'a fait plus plaisir. Rien ne correspond plus à la réalité qui est la mienne aujourd'hui."(jdd 19/08/07)

12:54 Publié dans Ségolène Royal | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : S.Royal, p.s

Commentaires

Ci-dessous le commentaire que j'ai adressé à Ségo.

Chère Ségolène,

Je viens de lire ton interview paru au JDD ce jour. Les réponses que tu donnes dans l’avant avant dernier paragraphe ci-dessous me posent questions et aussi, certainement d’autres que moi .
« Se projette-t-elle comme future patronne du PS ? La question lui semble absurde. "Je ne suis pas du tout dans ces stratégies." Même chose pour les courants. Créera-t-elle le sien ? Elle n'en a aucune idée et, pour l'instant, aucune envie. "J'ai été candidate au nom de tous les socialistes. Pourquoi devrais-je m'enfermer dans un courant?", a-t-elle laissé échapper, récemment, devant un de ses interlocuteurs. Le mot courant lui semble presque obsolète. Tout juste pense-t-elle que les militants de Désirs d'avenir devraient "naturellement" adhérer au PS. Le site internet de l'association sera réactivé afin de garder un contact permanent avec les Français. »

Mes interrogations:
. Comment déclarer vouloir réformer le PS sans s’impliquer concrètement dans l’organisation ?. Une position à distance fera bondir de joie les adversaires (socialistes) et il ne sont pas inactifs. Pire pour beaucoup l’ennemi principal n’est pas Sakorzy mais toi même.
. Les courants, tu dois bien savoir que si tu es majoritaire auprès des militants, les responsables de la plupart des fédés sont essentiellement des personnes élues après le congrès du MANS et la plupart te sont hostiles. Donc si tu ne donnes pas les moyens aux militants de se reconnaître dans un groupe et faire force dans les sections comment veux tu qu’ils se retrouvent et fassent progresser les idées. D’autant, je parle en connaissance de cause, je fais parti d’une fédé particulièrement virulente à ton égard.
. Quid de Désirs d’avenir ?. Nous sommes encore un certain nombre à maintenir par sites interposés la dynamique, le commentaire, les débats, et, surtout le combat contre le sentiment de désespérance et de fatalité ambiant. Perdons nous notre temps ?.

Je reste persuadé que quelques précisions raffermiraient encore nos convictions
Amitiés ségolénistes

JC Du Pont

Écrit par : JC DuPont | 19/08/2007

moi ce qui m'étonne, c'est l'arrivée de MOSCOVICI dans son équipe.
les lignes bougeraient-elles dans le bon sens?

sinon, je pense qu'elle n'a pas envie de prendre le parti car ce n'est pas le moment ,elle doit craindre un clash retentissant!

il faut savoir laisser le temps au temps....

Écrit par : lilou | 19/08/2007

il faut se souvenir de ce qui a fait sa popularité il y a 2 ans: c'était justement qu'elle n'était pas assimilée au p.s, à ses courants, à ses "complots", elle semblait au-dessus de cela et ça a plu aux gens et à nous .

alors pourquoi se précipiterait-elle là dedans tête baissée?

et puis son ex. a dû l'avertir de la forte animosité des vieux éléphants à son égard genre glavany....

pour moi, son attitude est dans la continuité de ce qu'elle a commencé.

Écrit par : lilou | 20/08/2007

Oui mais concrètement,

..sans le porte-avion qu'est le PS et l'équipage, elle ne peut pas décoller ! ...

On ne pilote pas un tel navire de l'extérieur ...

jc,d

Écrit par : jc du pont | 20/08/2007

wait and see ?

Écrit par : martine | 20/08/2007

Je citerai Spinoza: La construction de l'avenir doit se faire à partir du monde et de la réalité, non de l'idéal révé; L'audace, la protestation, l'anticipation sont les forces qui le construisent et remodèlent les sociétés.

jc.d

Écrit par : jc du pont | 20/08/2007

Moi, je suis bien embété. Je lis vos avis.
J'étais en vacances et j'ai loupé pas mal d'infos. Avant de partir Sarko était partout, je suis revenu et Resarko de partout: dans les médias, Cécilia dans la presse people, Kouchner envoyé au Liban, Sarko recoit des parents affolés, des réunions tout le temps,.. Je n'en peux plus.

Et de l'autre côté des tas des débats à venir, La Rochelle, Melle, Fouras, des conjonctures en veux-tu-en-voila, des Ségo/DSK, Glavany contre l'UMP de gauche, PS/DDA ? Mais que se passe-t-il: est-on tombé dans la 4ème dimension? ne réglez pas votre téléviseur, ce n'est pas un probléme d'image.

Un peu comme JcD, je serais pour qu'on se pose un peu sur les vrais problèmes, et qu'on mette de coté les batailles d'écuries PS/RM/DA pour en revenir au fond.
J'ai peur que la réunion de Melle ne soit interpreté que comme un comptage du nombre des Pro-Ségo et celui de Fouras ou de La-Rochelle des anti-Ségo.

Écrit par : delavant | 20/08/2007

"Si on m'apprenait que la fin du monde est pour demain, je planterais tout de même un pommier" dixit Martin Luther King ( je renvoie le lecteur sur le site DA65 pour un argumentaire plus élaboré.)
Dans le contexte de ce débat il convient de rappeler que Ségolène a représenté un souffle nouveau. Malheureusement l'essai n'a pas été transformé.
Es-ce la fin du socialisme en général, du socialisme à la Française en particulier ?
Etre socialiste c'est être du côté de l'utopie, des lendemains qui chantent pour la plus grande majorité de nos concitoyens et non pas de la montée des exclusions à partir de quelques favorisés multimillionnaires...
A Melle, La Rochelle et Fouras, espérons qu'en cet fin d'été humide, de nombreux pommiers vont être plantés dans de bonnes conditions pour qu'ils puissent fleurir au printemps, lors des municipales par exemple.
Encore convient-il qu'un(e) jardinier(e) en chef assure la bonne levée de la récolte.
L'espoir en des jours meilleurs est aussi une vertu de Gauche.

Écrit par : claude | 21/08/2007

évidemment, tout le monde est d'accord pour travailler sur le fond... mais il faut encore consolider la structure de la maison sinon il y a risque d'effondrement ....et à mon avis en ce moment, beaucoup de solutions sont à l'étude.....

Écrit par : martine | 21/08/2007

moscovici a démenti tout travail avec S.Royal: je me disais aussi!

Écrit par : lilou | 21/08/2007

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