16/07/2007
ROYAL TIRE LE BILAN DE SA CAMPAGNE: analyse de la réunion
par Frédérique Matonti,
professeure de sciences politiques à l'université Paris I-Panthéon Sorbonne
Ségolène Royal a tenu une réunion à l'Assemblée nationale aujourd'hui avec des membres de son équipe de campagne. L'ex-candidate est-elle en train de structurer son propre courant au sein du Parti socialiste ?
- Je pense surtout qu'il est un peu tôt pour le dire. Cette réunion a été officiellement présentée comme un premier bilan de sa campagne, et s'inscrit dans une démarche analytique des raisons de la défaite de la candidate à l'élection présidentielle.
Donc, cela n'a pas vraiment pris la forme de fondement d'un nouveau courant. D'autant plus que, d'après ce que j'ai compris, vu que la réunion s'est déroulée à huis-clos, certains des participants appartiennent eux-mêmes à d'autres courants du Parti socialiste.
Comment voyez-vous alors l'évolution de Désirs d'avenir ?
- Encore une fois, il est très difficile de répondre à ce genre de questions, du moins en l'état actuel des choses. Tout comme il est difficile de savoir dans quel état sera le parti dans six mois.
Ségolène Royal, comme tout politique, ne dispose pas d'une stratégie à aussi long terme. Elle fonctionne selon les rapports de forces internes au PS. Or, ceux-ci ont été bouleversés par la campagne, puis l'ouverture pratiquée par Nicolas Sarkozy à l'égard des socialistes. Par exemple, aucun responsable du parti n'aurait cru il y a quelques mois à peine, que le gouvernement de François Fillon comprendrait des ministres socialistes, que Dominique Strauss-Kahn serait appuyé par le président pour la candidature à la tête du FMI… Donc, de ce point de vue, la stratégie de Ségolène Royal n'est pas arrêtée, elle va elle-même devoir l'adapter.
Par contre, ce qui me paraît intéressant, c'est le départ de Dominique Strauss-Kahn, qui va inévitablement modifier les rapports de force interne au PS. Il serait intéressant, de ce point de vue, de voir comment vont bouger ses partisans, se positionner : vont-ils considérer que cette nomination n'enlève rien au statut de "présidentiable" de leur champion ? Ou à l'inverse qu'il ne tiendra plus de rôle dans la vie politique nationale ?
Que dire du début de polémique sur l'exclusion du reste du PS à cette réunion, et sur l'emploi par l'ex-candidate du terme "défaite" ?
- C'est une manière dont, au sein du PS, se déroule un jeu d'appareil.
Ainsi, s'agissant de la responsabilité de la défaite, tous se renvoient la balle les uns les autres : Ségolène Royal va expliquer que les éléphants notamment ne l'ont pas soutenu pendant la campagne, et n'ont pas joué leur rôle. Ce à quoi les intéressés vont répondre qu'au contraire, c'est Ségolène Royal et son équipe qui n'ont pas voulu les intégrer dans le dispositif.
Je le répète, je n'ai pas l'impression que cette réunion ait constitué une grande avancée. Cet événement s'inscrit plutôt dans les luttes internes du PS.
19:09 Publié dans Ségolène Royal | Lien permanent | Commentaires (3)
Commentaires
Je ne sais pas ce que va faire Ségolène Royal mais l'analyse me plait. Désirs d'Avnir est une force dans le sens où c'est un lieu politisé ou on peut parler de politique mais sans être au Parti Socialiste. Cet espace me plait et je crois que c'est peut être cette piste que nous devrions explorer dans les Pyrénées. Devenir une vraie force de proposition pour influencer, soutenir et accompagner les candidats respectant nos valeurs.
Écrit par : Kainto | 16/07/2007
Ségolène a réalisé un score remarquable à la présidentielle avec seulement quelques mois de préparation (et dans quelles conditions...) alors que Sarkozy a pendant près de cinq ans, avec l'appui massif de la droite, mis toutes les chances de son côté. Le résultat n'est qu'une demi surprise.
Sur l'avancement des proposition de Ségolène, je suis convaincu qu'elle fera mieux que le PS entre 2002 et 2007: elle est dans le présent et avec un esprit de gauche ouvert et progressiste. Ce qui, dès les premiers mois de 2006 est apparu pour tous ceux qui ont rejoint Désirs d'Avenir, comme la vraie chance de pouvoir construire avec elle la "nouvelle gauche".
Écrit par : Michel | 17/07/2007
La performance est indéniable meme si elle reste insuffisante. Et Desirs d'Avenirs a joué à plein un rôle catalyseur sur ceux que le PS n'attire plus mais qui veulent garder une dynamique à gauche.
Au fil des jours je me dis que la motion Ségolène au prochain congrés devra être différente de Désirs d'Avenir pour garder ces deux instances : le parti et le soutien. Par contre un peu plus de cohérence serait plus que bienvenue et à bien des niveaux.
Écrit par : Kainto | 17/07/2007
Les commentaires sont fermés.