16/07/2007
Libération a recueilli quelques réactions d'adhérents à Désirs d'avenir
J'espère que Royal va fustiger le PS et ses dirigeants»
Reuters.
Ségolène Royal a réunit ses proches lundi pour une séance de travail consacrée à l'analyse de la campagne. Dans les comités locaux de Désirs d'avenir, on dresse un premier bilan et on s'interroge sur l'avenir.
Par Cordelia Bonal et Sandra Gérard
LIBERATION.FR : lundi 16 juillet 2007
Au moment où les proches de Ségolène Royal se retrouvaient lundi autour de l’ex-candidate pour un séminaire de travail sur l’analyse de la campagne, Liberation.fr a interrogé des militants de Désir d’avenir, le mouvement créé par la présidente de Poitou-Charentes. Un peu plus de deux mois après la défaite socialiste à la présidentielle, ils tirent les leçons de la défaite socialiste.
Joseph Conesa, cadre bancaire, Désirs d'avenir 69 (Rhône): «J'ai été très déçu»
«J'attends de la réunion d'aujourd'hui qu'on y dise enfin pourquoi nous avons perdu, alors que nous aurions dû gagner. J'espère que Ségolène Royal va fustiger le PS et ses dirigeants, en particulier François Hollande, qui a une part de responsabilité dans l'échec de cette campagne.
J'ai toujours soutenu Ségolène Royal, j'ai monté le comité local Désirs d'avenir dès le premier jour, mais je dois dire que j'ai été très déçu, elle n'a pas été à la hauteur. Le principal défaut de cette campagne c'est de ne pas avoir été suffisamment concret. De ne pas avoir traité les vrais problèmes, comme la dette. Franchement, l'ordre juste, ce n'est pas concret, tout le monde s'en fout.
Si Ségolène Royal veut se présenter la prochaine fois, il faudra aussi qu'elle maîtrise mieux certains dossiers. Cela éviterait des imprécisions comme il y en a eu sur le nucléaire par exemple. Je me demande aussi si ses les problèmes familiaux n'ont pas pesé sur sa conduite. Si elle l'avait dit, on aurait peut-être mieux compris le manque de concertation avec François Hollande.
Aujourd'hui, il faut que le PS ouvre les yeux, qu'il assume ses contradictions et définisse ce qu'il veut, au niveau social comme sur le plan économique. Il faut, à la tête du parti, des gens qui ne sont pas dans l'éternelle négation mais veulent aller de l'avant, comme DSK ou Manuel Valls. Quant à Ségolène Royal, elle doit se repositionner au PS, dire ce qu'elle veut faire, avec qui, et vers où.»
Isabelle Avezac, attachée territoriale, Désirs d'avenir 32 (Gers): «Relancer la mobilisation»
«J'espère que cette réunion amènera une clarification. Depuis les élections, ni Ségolène Royal ni les adhérents de Désirs d'avenir ne se sont tellement manifestés. Les militants sont un peu déboussolés, ils se demandent ce qu'il se passe. On attend de savoir comment on va continuer, comment on va relancer la mobilisation.
Je ne crois pas qu'on puisse parler d'échec de Ségolène Royal: elle a quand même été présente au second tour, ce qui n'était pas le cas en 2002. Surtout, avec Désirs d'avenir, elle a imposé un mode de fonctionnement participatif repris aujourd'hui au PS. Il peut y avoir des rancœurs ici ou là, mais je ne rejette la faute sur personne. Je pense que le résultat aurait été le même avec un autre candidat.
Notre principal problème: nous n'avons pas eu de candidat avant décembre, alors que Sarkozy était sur tous les fronts depuis 2002, qu'il maîtrisait tous les rouages.
Je suis persuadé que le PS ne pourra pas éviter Ségolène Royal. Il faut qu'elle y ait une place importante, et elle l'aura. Quant à Désirs d'avenir, il a toute sa place aux côtés du PS, sans pour autant être à part. Parmi les adhérents à Désirs d'avenir, beaucoup ne sont pas encartés au PS et ne le seront jamais. Mais il est vrai que nous devons nous structurer davantage. Par exemple, il faudrait un seul comité par département, avec une bonne équipe, et non plein de petits groupes qui favorisent les tensions.»
Cyrille, chercheur, Désirs d'avenir 92 (Hauts-de-Seine): «J'attends une vrai réflexion au PS»
«Ségolène Royal doit, par honnêteté, faire avec ses collaborateurs un bilan de ce qui s'est passé, tout comme elle doit évaluer ce qu'elle peut proposer à l'avenir au sein du parti socialiste. Mais, au delà, j'attends une vrai réflexion au PS dans son ensemble. Le parti souffre d'un certain archaïsme, on ne peut pas offrir un programme cohérent et lisible pour les électeurs quand on a une structure peu flexible. Il y a un problème d'organisation dans le fait de désigner le candidat au dernier moment, après le projet. Le PS a besoin d'une équipe dirigeante solide, qui emmène le parti jusqu'aux élections.
Mais le PS a progressé, notamment sur la question centrale de la relation entre la politique et les citoyens. De nouvelles idées sont apparues dans le débat politique, sur la sécurité par exemple.
Désirs d'avenir doit rester une plate-forme de soutien à des idées nouvelles et à leur mise en œuvre. Quant à Ségolène Royal, je la soutiens toujours sur ses idées, mais j'attends d'elle qu'elle rende sa personnalité compatible avec le PS. Elle doit montrer aux militants que c'est bien avec le PS qu'elle veut travailler, et continuer à proposer.»
Sabine Guichet-Lebailly, coordinatrice de Désirs d’Avenir 14 (Calvados) depuis avril 2006 : «Ségolène Royal nous a rendu notre liberté et notre capacité d'agir»
«On ne considère pas être en perte de vitesse, mais on a besoin de remettre des choses en place, de renouveler, notamment par la discussion, les propositions. Pendant la présidentielle, tout le monde aurait dû avancer comme un seul homme, ça n’a pas été le cas. C’est resté en travers de la gorge de Désirs d’Avenir. Dans les comités locaux, on ne sait pas ce qui se passe au PS, on a pas la culture du parti, plus de 80% (en tout cas pour le Calvados) des membres sont des nouveaux militants. On a donc démarré des groupes de réflexion. On attend de cette rencontre qu’elle soit le point de départ d’une dynamique de reconstruction, qu’elle donne envie à tous ceux qui ont travaillé avec Ségolène Royal de réfléchir à des questions de fond : être socialiste signifie-t-il quelque chose ? Et être de gauche ? On espère que Ségolène Royal va se placer à la tête de ce nouveau mouvement et qu’elle arrivera à apprécier ce qu’elle ne veut pas appeler «défaite». C’était un essai, manqué certes, mais ce n’est pas grave. Il faut maintenant analyser pourquoi nous avons échoué, ce qui a fait que ça n’a pas fonctionné. Il faut également partir de la réalité, voir le monde tel qu’il est si l’on veut faire avancer les choses et non pas rêver à des utopies irréalisables. On compte sur Ségolène Royal pour mettre en place une machine qui gagne en prenant un nouveau départ.
Royal nous a rendu notre liberté et notre capacité d’agir. Durant la campagne, elle nous a montré qu’on était capable de reprendre la main sur les grands dossiers, de réfléchir et de nous débrouiller sans avoir à composer avec les ténors du parti, qui passent leur temps à se déchirer. Il est possible de contourner, de ne pas entrer dans le rapport de force et réussir à faire quelque chose. C’est ce qu’on veut pour Désirs d’Avenir. On n’est pas socialiste (au sens traditionnel du terme), mais une association à côté, ouverte à tous.
Sur le terrain, on a subi des pressions des barons du parti qui voudraient bien mettre la main sur le mouvement. Mais le plus important, c’est l’ouverture. On ne doit pas se laisser enfermer dans un parti. C’est pas un hasard si ça marche pour Sarkozy. Dans le Calvados, le parti socialiste était déchiré par des combats de chef. Le premier secrétaire fédéral a essayé de jouer le jeu en laissant les différents courants s’exprimer. Ségolène Royal est finalement arrivée en tête dans tous les tissus péri-urbains, provoquant ainsi un basculement à gauche. Cela a révélé notre capacité à travailler avec d’autres gens, en dehors du PS.»
«J'attends de la réunion d'aujourd'hui qu'on y dise enfin pourquoi nous avons perdu, alors que nous aurions dû gagner. J'espère que Ségolène Royal va fustiger le PS et ses dirigeants, en particulier François Hollande, qui a une part de responsabilité dans l'échec de cette campagne.
J'ai toujours soutenu Ségolène Royal, j'ai monté le comité local Désirs d'avenir dès le premier jour, mais je dois dire que j'ai été très déçu, elle n'a pas été à la hauteur. Le principal défaut de cette campagne c'est de ne pas avoir été suffisamment concret. De ne pas avoir traité les vrais problèmes, comme la dette. Franchement, l'ordre juste, ce n'est pas concret, tout le monde s'en fout.
Si Ségolène Royal veut se présenter la prochaine fois, il faudra aussi qu'elle maîtrise mieux certains dossiers. Cela éviterait des imprécisions comme il y en a eu sur le nucléaire par exemple. Je me demande aussi si ses les problèmes familiaux n'ont pas pesé sur sa conduite. Si elle l'avait dit, on aurait peut-être mieux compris le manque de concertation avec François Hollande.
Aujourd'hui, il faut que le PS ouvre les yeux, qu'il assume ses contradictions et définisse ce qu'il veut, au niveau social comme sur le plan économique. Il faut, à la tête du parti, des gens qui ne sont pas dans l'éternelle négation mais veulent aller de l'avant, comme DSK ou Manuel Valls. Quant à Ségolène Royal, elle doit se repositionner au PS, dire ce qu'elle veut faire, avec qui, et vers où.»
Isabelle Avezac, attachée territoriale, Désirs d'avenir 32 (Gers): «Relancer la mobilisation»
«J'espère que cette réunion amènera une clarification. Depuis les élections, ni Ségolène Royal ni les adhérents de Désirs d'avenir ne se sont tellement manifestés. Les militants sont un peu déboussolés, ils se demandent ce qu'il se passe. On attend de savoir comment on va continuer, comment on va relancer la mobilisation.
Je ne crois pas qu'on puisse parler d'échec de Ségolène Royal: elle a quand même été présente au second tour, ce qui n'était pas le cas en 2002. Surtout, avec Désirs d'avenir, elle a imposé un mode de fonctionnement participatif repris aujourd'hui au PS. Il peut y avoir des rancœurs ici ou là, mais je ne rejette la faute sur personne. Je pense que le résultat aurait été le même avec un autre candidat.
Notre principal problème: nous n'avons pas eu de candidat avant décembre, alors que Sarkozy était sur tous les fronts depuis 2002, qu'il maîtrisait tous les rouages.
Je suis persuadé que le PS ne pourra pas éviter Ségolène Royal. Il faut qu'elle y ait une place importante, et elle l'aura. Quant à Désirs d'avenir, il a toute sa place aux côtés du PS, sans pour autant être à part. Parmi les adhérents à Désirs d'avenir, beaucoup ne sont pas encartés au PS et ne le seront jamais. Mais il est vrai que nous devons nous structurer davantage. Par exemple, il faudrait un seul comité par département, avec une bonne équipe, et non plein de petits groupes qui favorisent les tensions.»
Cyrille, chercheur, Désirs d'avenir 92 (Hauts-de-Seine): «J'attends une vrai réflexion au PS»
«Ségolène Royal doit, par honnêteté, faire avec ses collaborateurs un bilan de ce qui s'est passé, tout comme elle doit évaluer ce qu'elle peut proposer à l'avenir au sein du parti socialiste. Mais, au delà, j'attends une vrai réflexion au PS dans son ensemble. Le parti souffre d'un certain archaïsme, on ne peut pas offrir un programme cohérent et lisible pour les électeurs quand on a une structure peu flexible. Il y a un problème d'organisation dans le fait de désigner le candidat au dernier moment, après le projet. Le PS a besoin d'une équipe dirigeante solide, qui emmène le parti jusqu'aux élections.
Mais le PS a progressé, notamment sur la question centrale de la relation entre la politique et les citoyens. De nouvelles idées sont apparues dans le débat politique, sur la sécurité par exemple.
Désirs d'avenir doit rester une plate-forme de soutien à des idées nouvelles et à leur mise en œuvre. Quant à Ségolène Royal, je la soutiens toujours sur ses idées, mais j'attends d'elle qu'elle rende sa personnalité compatible avec le PS. Elle doit montrer aux militants que c'est bien avec le PS qu'elle veut travailler, et continuer à proposer.»
Sabine Guichet-Lebailly, coordinatrice de Désirs d’Avenir 14 (Calvados) depuis avril 2006 : «Ségolène Royal nous a rendu notre liberté et notre capacité d'agir»
«On ne considère pas être en perte de vitesse, mais on a besoin de remettre des choses en place, de renouveler, notamment par la discussion, les propositions. Pendant la présidentielle, tout le monde aurait dû avancer comme un seul homme, ça n’a pas été le cas. C’est resté en travers de la gorge de Désirs d’Avenir. Dans les comités locaux, on ne sait pas ce qui se passe au PS, on a pas la culture du parti, plus de 80% (en tout cas pour le Calvados) des membres sont des nouveaux militants. On a donc démarré des groupes de réflexion. On attend de cette rencontre qu’elle soit le point de départ d’une dynamique de reconstruction, qu’elle donne envie à tous ceux qui ont travaillé avec Ségolène Royal de réfléchir à des questions de fond : être socialiste signifie-t-il quelque chose ? Et être de gauche ? On espère que Ségolène Royal va se placer à la tête de ce nouveau mouvement et qu’elle arrivera à apprécier ce qu’elle ne veut pas appeler «défaite». C’était un essai, manqué certes, mais ce n’est pas grave. Il faut maintenant analyser pourquoi nous avons échoué, ce qui a fait que ça n’a pas fonctionné. Il faut également partir de la réalité, voir le monde tel qu’il est si l’on veut faire avancer les choses et non pas rêver à des utopies irréalisables. On compte sur Ségolène Royal pour mettre en place une machine qui gagne en prenant un nouveau départ.
Royal nous a rendu notre liberté et notre capacité d’agir. Durant la campagne, elle nous a montré qu’on était capable de reprendre la main sur les grands dossiers, de réfléchir et de nous débrouiller sans avoir à composer avec les ténors du parti, qui passent leur temps à se déchirer. Il est possible de contourner, de ne pas entrer dans le rapport de force et réussir à faire quelque chose. C’est ce qu’on veut pour Désirs d’Avenir. On n’est pas socialiste (au sens traditionnel du terme), mais une association à côté, ouverte à tous.
Sur le terrain, on a subi des pressions des barons du parti qui voudraient bien mettre la main sur le mouvement. Mais le plus important, c’est l’ouverture. On ne doit pas se laisser enfermer dans un parti. C’est pas un hasard si ça marche pour Sarkozy. Dans le Calvados, le parti socialiste était déchiré par des combats de chef. Le premier secrétaire fédéral a essayé de jouer le jeu en laissant les différents courants s’exprimer. Ségolène Royal est finalement arrivée en tête dans tous les tissus péri-urbains, provoquant ainsi un basculement à gauche. Cela a révélé notre capacité à travailler avec d’autres gens, en dehors du PS.»
18:45 Publié dans Ségolène Royal | Lien permanent | Commentaires (1)
Commentaires
La situation a bien évolué depuis avril 2006 ! A l'époque et dans les mois qui ont suivi, S. ROYAL s'est révélée la seule à pouvoir porter un projet de gauche moderne, parce qu'elle correspondait à une image de renouveau, de rupture avec une gauche vivant trop "dans le passé".
Actuellement, je ne vois toujours pas d'autre candidat crédible à ce poste de "leadership" d'une nouvelle gauche unifiée. J'évite de la citer comme future responsable du PS, car bien visionnaire celui qui pourrait dire ce que sera ce parti dans quelques mois à l'allure à laquelle il se "décompose"... Des élus socialistes ont déclaré à la TV qu'il fallait entre autres mesures, que le PS change de nom : c'est dire à quel point le besoin de rénovation, refonte (moi j'aime bien le terme re-naissance) est présent. Il est une urgence, une priorité. A moins que la création d'un nouveau mouvement politique n'assure ce projet de gauche unifiée et "dans son temps"...
Écrit par : Michel | 17/07/2007
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