22/03/2007
Portrait David Habib : Un opposant en terre bayrouiste
Un bretteur efficace. Voilà comment André Labarrère, le député-maire de Pau décédé en 2006, qualifiait David Habib, 46 ans. À raison. Le maire de Mourenx, député de la troisième circonscription des Pyrénées- Atlantiques, manie le verbe comme l’épée. Mais toujours avec l’accent chantant du Sud- Ouest. Et son art de la joute rhétorique fait mouche dès qu’il s’agit de François Bayrou.
Pour s’être opposé pendant des années au candidat UDF sur le terrain, David Habib en connaît les moindres failles et n’a aucun mal à montrer l’envers de « la carte postale Bayrou », celle où le centriste se pose en homme du terroir qui murmure à l’oreille des chevaux. « Il n’est jamais en Béarn. La dernière fois que je l’y ai vu, c’était à l’aéroport. » C’est simple, pour David Habib, François Bayrou, c’est « l’éolien de la politique : du vent, de la supercherie ». Et ce, en toutes choses.
Pour sa campagne, le président de l’UDF prend soin de se présenter comme un homme au-delà du clivage gauche-droite. David Habib n’est pas dupe. « Pendant dix ans, j’étais dans l’opposition, au sein du conseil général présidé par Bayrou, explique-t-il. Il a exclusivement gouverné avec une majorité UDF-UMP, en nommant une grande révolutionnaire pour première vice-présidente : Michèle Alliot-Marie. Il essaie de faire croire qu’il a changé mais en 2004, lors du second tour des élections régionales, il fusionnait sa liste avec celle de l’UMP Xavier Darcos. » Bayrou cherche aussi à se faire passer pour un socialdémocrate. Une posture que David Habib, militant socialiste depuis l’âge de 18 ans, attaché aux valeurs de la gauche, pourfend avec la plus grande vigueur. « Je suis maire de la seule ville ouvrière du département. J’avais demandé au conseil général plus de subventions pour les communes qui, comme Mourenx, comptent de nombreux logements sociaux, afin de faire face aux besoins d’équipements publics. Bayrou a refusé. » De la même manière, les emplois-jeunes ont été créés au compte-goutte, les sommes investies dans les collèges ont été dérisoires et la politique de la ville est quasi inexistante.
« Le département est géré depuis des années par cette bande de pieds nickelés de l’UDF, conclut David Habib. Les Aquitains n’en veulent plus. Si Bayrou se présente à la mairie de Pau après la présidentielle, les Palois le rejetteront. Ils savent qu’il n’est qu’un dilettante. Il faut que tous les électeurs aient la même clairvoyance. » David Habib, lui, ne désarme pas.
Élisabeth Philippe
08:00 | Lien permanent | Commentaires (1)
Commentaires
"Un jour, il pétera de vanité" (Jacques Chirac)
Il se juge beau, séduisant, intelligent, formidable stratège. Les élus, les journalistes, ses amis, ses adversaires en savent quelque chose : François Bayrou a parfois la tête comme une montgolfière. Il a longtemps assuré : "Je suis le nouveau Mitterrand." Lorsqu'il obtint le secrétariat général de l'UDF, alors présidée par Valéry Giscard d'Estaing, il expliqua tranquillement devant tout le bureau politique du CDS : "Giscard a trouvé en moi quelqu'un à sa mesure." Au moment où le premier ministre anglais était la coqueluche de la droite, il répétait partout : "J'ai un avantage sur tous les autres : je ressemble physiquement à Tony Blair." On l'a vu admirer longuement sa photo dans des magazines, en soulignant : "J'ai un regard profond." A la journaliste sportive Estelle Denis qui lui demandait il y a quelques semaines ce que sa femme préférait en lui, il a répondu sans sourciller "ma virilité". Jacques Chirac, qui en a beaucoup ri, s'en est aussi très souvent agacé : "Un jour, il pétera de vanité."
( le monde:20/03/07)
Écrit par : zarra | 22/03/2007
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