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27/11/2007

ça va très mal: deux maires s'expriment

Réaction de  François Pupponi, maire socialiste de Sarcelles (Val d'Oise), où les affrontements de Villiers-le-Bel de dimanche et lundi ont fait tache d'huile, a estimé mardi que la situation dans les banlieues était "pire qu'il y a deux ans".

"Les causes de l'explosion sont toujours là mais elles sont aggravées, a-t-il déclaré à l'AFP. Aujourd'hui, un certain nombre de jeunes, extrêmement minoritaires, ont basculé dans la haine et la violence physique. Il y a deux ans, on s'attaquait aux biens. Là, on s'attaque aux personnes, on est monté d'un cran. C'est impressionnant et dramatique".

"La crise sociale s'est aggravée, a-t-il ajouté. On le dénonce depuis des années et on a toujours su que le moindre incident dramatique pouvait faire embraser les choses. La nouveauté, c'est qu'on est monté d'un cran dans la violence. A Sarcelles, on a eu trois ou quatre voitures brûlées mais à Villiers-le-Bel, on n'a jamais vu ça, 60 fonctionnaires ont été blessés et certains avec des balles. Il y a la volonté de tuer, ce n'est plus pareil".

"Avec les associations, on est sur le terrain pour calmer le jeu", a déclaré François Pupponi qui a déploré d'être "complètement isolé". "Comme d'habitude, on nous laisse aller au charbon tout seuls. Bien sûr, il y a les autorités locales mais on nous laisse nous débrouiller seuls. J'ai vu Mme Boutin appeler au calme de son bureau mais elle n'a qu'à venir Mme Boutin! Trop c'est trop!". (afp 27/11/07)

 

 

Réaction de Claude Dilain, maire de Clichy.

En 2005, le maire PS de Clichy-sous-Bois, Claude Dilain, a vécu une situation semblable à celle de Villiers-le-Bel. Deux jeunes, Bouna et Zyed, étaient morts électrocutés dans l’enceinte d’un transformateur EDF, où ils s’étaient réfugiés après une course-poursuite avec des policiers. Cet événement fut le déclencheur des révoltes urbaines de l’automne 2005.

Pourquoi, avant même de connaître les circonstances de la mort des deux jeunes de Villiers-le-Bel, a-t-on assisté à une flambée de la violence ?

Il y a deux ans, j’avais développé ma théorie de la poudrière et de l’étincelle. Depuis l’automne 2005, la situation ne s’est pas améliorée. Les habitants des quartiers se sentent oubliés. Des dossiers tels que le désenclavement, l’amélioration des transports n’avancent pas alors que les attentes sont très fortes. L’action publique est si lente qu’elle devient intolérable pour des gens qui subissent des frustrations depuis trop longtemps.

Sont-ce les seules raisons ?

Fondamentalement, le regard que la société française porte sur les quartiers n’a pas changé. C’est un regard de mépris, d’épouvantail, de caricature. La banlieue n’est vue qu’au travers du prisme de la violence ou de l’insécurité. Les habitants de toute une ville subissent des amalgames inacceptables. Je reçois des lettres de toute la France me disant, en substance, que Clichy est une ville de délinquants et que je suis leur complice.

Quel rôle peut jouer un maire en période de tensions ?

Il faut aller sur le terrain à la rencontre des familles, des habitants du quartier pour leur dire que nous partageons leur douleur, que nous comprenons leur colère, mais que cette colère ne doit pas s’exprimer par des actes de violence. Les autorités doivent éviter toute déclaration blanchissant d’emblée la police. La recherche des responsabilités éventuelles revient à la justice. Il faut montrer aux habitants que les faits seront établis en toute objectivité. (libération 27/11/07)