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17/11/2008

Permis de conduire "Solférino"

PS : ils sont devenus fous
Paul-Henri Du Limbert
17/11/2008 | Mise à jour : 09:49 | Commentaires 4

Crédits photo : AFP
L'éditorial de Paul-Henri du Limbert du 17 novembre.

«Nous finirons bien par nous aimer !» Il fallait toute l'audace oratoire de Ségolène Royal pour oser cette exclamation, dimanche matin, à Reims. On ne sait si les socialistes s'aimeront un jour, mais on est obligé de constater qu'aujourd'hui ils se haïssent comme jamais.

En réalité, ils sont devenus fous. Le jusqu'au-boutisme des ego et des détestations a pris le pas sur tout le reste, entraînant le parti dans une logique infernale. Ségolène Royal est dure au mal, Martine Aubry aussi ; entre les deux, il n'y a aucune raison que le combat cesse. Qui peut sérieusement penser que le vote des militants, cette semaine, arrêtera cette implacable machine à perdre ? Martine Aubry première secrétaire ? Les «royalistes» crieront au scandale, fustigeront les petits arrangements, le complot des vieux «éléphants». Ils contre-attaqueront d'une manière ou d'une autre et prépareront la candidature présidentielle de leur championne, dans le parti ou en dehors s'il le faut. Ségolène Royal première secrétaire ? Ses adversaires déploreront la trahison de l'idéal socialiste, dénonceront le futur «parti de supporteurs» et s'organiseront pour lui rendre la vie impossible Rue de Solferino, où ils sont majoritaires.

Les mots de «scission» et d'«explosion» n'ont pas été prononcés à Reims, mais ils étaient dans toutes les têtes. Cette perspective, qui est réelle, est d'autant plus absurde qu'elle ne repose pas sur des divergences de fond argumentées et convaincantes. On a bien noté que Martine Aubry, dans son discours, avait donné un sérieux coup de barre à gauche pour se différencier de sa rivale. Dans ses attaques contre Nicolas Sarkozy, elle a rappelé parfois le François Mitterrand de 1981 lorsqu'il s'attaquait à Valéry Giscard d'Estaing. Mais dans cette posture, Ségolène Royal n'est pas non plus maladroite, comme on l'a vu depuis deux mois dans ses critiques contre les réponses du chef de l'État à la crise financière. Sur la question de l'alliance ou non avec le MoDem, présentée comme fondamentale à Reims, on reste sceptique sur la nature des divergences entre Aubry et Royal. Pourquoi ? Parce que la maire de Lille, qui jamais au grand jamais ne «pactisera» avec la droite ou ce qui lui ressemble, a bel et bien conclu un accord avec les bayrouistes lors des municipales du mois de mars…

Tous les arguments soulevés par les anti-royalistes sont factices, tactiques, et d'abord destinés à cacher une réalité inavouable : ce qu'ils n'aiment pas chez Ségolène Royal, c'est… Ségolène Royal. Sa façon d'être, de parler, peut-être même de s'habiller, son goût de la provocation, et le fait que la «solferinologie» lui semble une science dépourvue d'intérêt. C'est comme si elle n'était pas de la famille, alors qu'elle a pris sa carte du parti il y a trente ans.

Le PS en est là. Ce matin, il va un peu plus mal que vendredi et son état pourrait s'aggraver encore jeudi, après le choix du premier secrétaire. Deux partis cohabiteront au sein d'un même parti. Ils pourraient bien finir par se haïr définitivement et irrévocablement. «Il va falloir oublier ces offenses, les effacer, un jour nous les pardonner», disait dimanche Ségolène Royal. Pour parler comme elle, on a envie d'ajouter : «Que Dieu les aide !»

Commentaires

Deux articles à lire sur le monde.fr

1) un tchat sur "La présidentialisation du PS ne doit pas être taboue":
http://www.lemonde.fr/politique/article/2008/11/17/gerard-grunberg-l-enjeu-le-plus-important-c-est-la-question-de-la-presidentialisation_1119477_823448.html

2) Aubry-Royal : deux tempéraments, deux conceptions du rôle du Parti socialiste:
http://www.lemonde.fr/politique/article/2008/11/17/aubry-royal-deux-temperaments-deux-conceptions-du-role-du-parti-socialiste_1119544_823448.html

Aubry-Royal : deux tempéraments, deux conceptions du rôle du Parti socialiste
LE MONDE | 17.11.08 | 13h37 • Mis à jour le 17.11.08 | 13h37

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REIMS ENVOYÉ SPÉCIAL

Entre Martine Aubry, 58 ans, et Ségolène Royal, 55 ans, le courant n'est jamais passé. Tout sépare ces deux femmes qui, ainsi que Benoît Hamon, aspirent à diriger le Parti socialiste à l'issue d'un congrès de Reims qui aura mis en évidence l'incapacité des socialistes à surmonter leurs divisions. Cette confrontation éclair n'oppose pas seulement deux tempéraments. Enarques et toutes deux anciennes ministres, la fille de Jacques Delors, issue d'un milieu "catho de gauche", et la fille d'un officier de droite ne partagent pas la même culture de l'action publique.

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Après avoir voté le 6 novembre pour départager les six motions en lice pour le congrès de Reims, les quelque 180 000 adhérents du Parti socialiste sont de nouveau appelés aux urnes, jeudi 20 novembre, pour départager les trois candidats au poste de premier secrétaire. Le scrutin sera ouvert de 17 heures à 22 heures dans les sections du PS. Si la majorité absolue n'est pas atteinte, un second tour sera organisé le lendemain. Le conseil national se réunira samedi 22 novembre. Le nouveau premier secrétaire tentera alors de constituer une nouvelle majorité autour de lui afin d'effacer l'échec du congrès.

"Nous n'avons pas la même conception du PS, pas la même façon de faire de la politique", rappelle la maire de Lille. Mme Royal a fondé une partie de sa campagne sur la critique du "vieux PS", qu'elle juge recroquevillé sur lui-même, incapable d'attirer à lui les forces vives du pays, en particulier "les jeunes des quartiers populaires". Décidée à construire "un parti de masse", elle propose d'abaisser à un prix très modique la cotisation que paient les adhérents.

Mme Royal est favorable aux consultations directes des militants alors que sa concurrente préfère un vote au bureau national ou au congrès. Sa motion préconise qu'une primaire organisée auprès des sympathisants permette de désigner le candidat socialiste à l'élection présidentielle de 2012. Attachée à l'idée d'un "parti de militants", Mme Aubry redoute que Mme Royal ne transforme le PS en un "parti de supporteurs", simple machine électorale au service d'un leader, sur le modèle du Parti démocrate américain.

BATAILLE INCERTAINE

Ces divergences sur le fond rejaillissent sur la forme. La Fête de la fraternité, organisée en septembre au Zénith de Paris par Mme Royal, a fait bondir "Martine". Connue pour son franc-parler, Mme Aubry, qui taxe de "réacs" certaines attitudes de son adversaire, l'accuse aussi de caler ses choix sur les variations de l'opinion. "Il faut retrouver nos valeurs, renouer avec ce que nous n'aurions jamais dû quitter", insiste-t-elle.

A la tribune, Mme Aubry a joué sa partition de "bonne militante". Discours rodé, effets de tribunes calibrés et convivialité sans chichi. Mme Royal, qui admet son peu de goût pour les batailles d'appareil, a développé un mode d'expression qui reste largement exogène à l'univers socialiste.

A Reims, la question des alliances a constitué le principal point de friction. Face à Mme Royal, qui avait proposé un accord à François Bayrou entre les deux tours de l'élection présidentielle de 2007, Mme Aubry - comme M. Hamon - met en garde contre un retournement d'alliances. "On nous a fait un procès intellectuellement déloyal car notre motion est parfaitement claire : l'union de la gauche d'abord, la main tendue à tous les humanistes pour battre la droite, ensuite", proteste Mme Royal dans sa profession de foi, en soulignant que cette question fera l'objet d'une consultation directe des militants.

Dans son entourage, on fait valoir que l'addition des seules voix de gauche au premier tour ne permet plus de remporter un scrutin présidentiel. Sans oublier de glisser que lors des dernières élections municipales, Mme Aubry a conclu un accord au second tour avec le MoDem.

Entre les deux prétendantes, la bataille s'annonce incertaine. A priori, la maire de Lille paraît favorite face à Mme Royal, dont la motion a obtenu 29 % des voix mais qui paraît isolée. Mme Aubry (24,3 %) peut espérer recevoir l'appui, au second tour, de Benoît Hamon (18,5 %), à condition de l'avoir devancé au premier. La question principale porte sur l'attitude de ceux qui ont voté pour la motion défendue par Bertrand Delanoë (25,2 % des voix). Les amis de François Hollande, très hostiles à Mme Aubry, représentent près de la moitié de ce capital électoral. Dans le camp de Mme Royal, on annonce des ralliements de responsables de la motion Delanoë.

La personnalisation du scrutin et les conséquences de l'échec du congrès de Reims auront des conséquences difficiles à évaluer. En tout état de cause, sauf surprise qui verrait M. Hamon l'emporter, une femme va s'installer à la tête du PS.
Jean-Michel Normand

Écrit par : Aubry-Royal : deux tempéraments, deux conceptions du rôle du Parti socialiste | 17/11/2008

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