22/10/2007
l'affiche rouge
Vous n'avez réclamé ni gloire ni les larmes
 Ni l'orgue ni la prière aux agonisants
 Onze ans déjà que cela passe vite onze ans
 Vous vous étiez servis simplement de vos armes
 La mort n'éblouit pas les yeux des Partisans
 
 Vous aviez vos portraits sur les murs de nos villes
 Noirs de barbe et de nuit hirsutes menaçants
 L'affiche qui semblait une tache de sang
 Parce qu'à prononcer vos noms sont difficiles
 Y cherchait un effet de peur sur les passants
 
 Nul ne semblait vous voir Français de préférence
 Les gens allaient sans yeux pour vous le jour durant
 Mais à l'heure du couvre-feu des doigts errants
 Avaient écrit sous vos photos MORTS POUR LA FRANCE
 
 Et les mornes matins en étaient différents
 Tout avait la couleur uniforme du givre
 A la fin février pour vos derniers moments
 Et c'est alors que l'un de vous dit calmement
 Bonheur à tous Bonheur à ceux qui vont survivre
 Je meurs sans haine en moi pour le peuple allemand
 
 Adieu la peine et le plaisir Adieu les roses
 Adieu la vie adieu la lumière et le vent
 Marie-toi sois heureuse et pense à moi souvent
 Toi qui vas demeurer dans la beauté des choses
 Quand tout sera fini plus tard en Erivan
 
 Un grand soleil d'hiver éclaire la colline
 Que la nature est belle et que le coeur me fend
 La justice viendra sur nos pas triomphants
 Ma Mélinée ô mon amour mon orpheline
 Et je te dis de vivre et d'avoir un enfant
 
 Ils étaient vingt et trois quand les fusils fleurirent
 Vingt et trois qui donnaient le coeur avant le temps
 Vingt et trois étrangers et nos frères pourtant
 Vingt et trois amoureux de vivre à en mourir
 Vingt et trois qui criaient la France en s'abattant 
ARAGON
11:41 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0)
 

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